Ben rien, plus précisément pas grand-chose !
La terre se réchauffe inexorablement et tout le monde s’en fout.
Les plus pauvres veulent aller survivre chez les plus riches qui ne veulent pas qu’on prenne leur place.
Les grandes entreprises veulent être toujours plus grandes, toujours plus cyniques et toujours plus rentables. Pourquoi ? En fait personne ne le sait mais il faut toujours plus.
Nous sommes de plus en plus nombreux avec de moins en moins de place, de moins en moins de ressources, de moins en moins de solidarité et donc de moins en moins d’envie de vivre les uns avec les autres.
La Guyane devient un concentré de ce pire qu’on ne veut pas voir arriver et dans lequel nous sommes pourtant.
Un concentré d’inégalités, d’incivilité, de violence, un concentré d’incapacité à accueillir toute la misère du monde qui en a pourtant tellement besoin.
Mais comment voulez-vous qu’une région qui accuse un tel retard puisse faire le travail de ce que, à l’échelle du pays tout entier, on est incapable de réaliser ?
C’est un peu comme si vous commenciez à accueillir tous les locataires d’un immeuble alors que vous venez d’en finir la moitié.
Je ne sais pas où on va mais on y va, et vite, très vite !
A qui s’adresser ? Personne ne le sait
La commune ? L’agglomération ? La CTG ? L’Education Nationale ? L’Etat en général ? Et pour quelles solutions ?
Je dois vous avouer ma lassitude à poursuivre un langage d’ouverture et de modération quand je suis confronté à la triste réalité du quotidien.
Laisse-moi aller, ô fidèle lecteur qui sait lire en moi autre chose que du premier degré, laisse-moi aller à une confidence et à une interrogation qui me fait peur.
C’est l’histoire d’un adolescent de 16 ans qui se déplace chaque jour à vélo entre son domicile, son lycée, mais également l’école de musique. 10 minutes le séparent de son domicile lorsqu’il rentre de son cours à 19h. Hasard malheureux ? Circonstances exceptionnelles ? La première semaine il n’a du son salut qu’à ses jambes pour échapper à une tentative de le faire tomber sur la route pour lui voler son vélo. La deuxième semaine, une voiture ralentit à sa hauteur (il est 19h15 !!!) et, en plein Cayenne, un homme lui assène gratuitement 2 coups de ceinturon depuis une voiture, puis, dans un éclat de rire, accélère et s’éloigne.
Résultat de cette violence ? L’adolescent réagit en expliquant qu’il quittera la Guyane sitôt son Bac obtenu pour n’y revenir que pendant les vacances. Quant à son père, votre serviteur en l’occurrence, il va devoir s’organiser pour que son fils ne soit plus sur son vélo à la tombée de la nuit.
Peu importe l’importance de cette histoire, celle-ci est là pour nous rappeler que nous avons besoin de nos enfants pour construire la Guyane, et le monde en général, et que nous avons une responsabilité immense pour leur donner les moyens de réussir.
Malheureusement, et j’insiste sur ce terme, il va falloir arrêter l’angélisme et mettre en œuvre autre chose que des déclarations d’intention.
Et pour cela nous allons devoir nous y mettre tous, que cela nous plaise ou non. Renforcement des contrôles sur le travail clandestin, reconduites effectives des personnes entrées illégalement, suppression des allocations familiales au-delà de 3 enfants, obligation d’un service civil ou militaire, obligation d’apprendre le français pour obtenir la nationalité ou un titre de séjour prolongé, développement de la coopération régionale des services de police, encadrement des marges des distributeurs, développement des filières courtes et respectueuses de l’environnement… Autant de points dont la plupart ne verront jamais le jour, qui pour certaines sont totalement totalitaires, mais que faire ?
J’ai presque mal en écrivant ces quelques lignes tellement j’ai envie de croire (j’avais ?) en l’Homme et tellement l’Homme m’a déçu.
Et j’ai encore plus mal en me rendant compte que j’en suis aussi responsable. Responsable de n’avoir rien fait depuis tant d’années, ou d’avoir cru que tout irait mieux avec plus de technologie alors que tout va de pire en pire en accroissant les inégalités.
Oui j’ai mal mais j’aime aussi la climatisation dans ma chambre, ma voiture pour me déplacer, mon frigo bien rempli, mon smartphone connecté en 4G et mes vacances régulières.
Oui j’ai tout ça mais mes enfants que leur restera-t-il ?