Minier : une actualité en cache (une) autre…
Tandis que le nouveau ministre de la Transition écologique François de Rugy fait face au rapport plutôt négatif de la commission du débat public sur le projet de la Montagne d’Or, qui devrait selon lui être « repris d’une façon ou d’une autre », les acteurs du secteur minier ont eux aussi leur actualité. Ce qui n’a pas manqué d’alerter les opposants à cette industrie qui attire toutes les attentions… y compris à l’extérieur du territoire.
La compagnie minière Auplata, premier producteur d’or français côté à la Bourse possède près de 700 km² de permis et titres miniers en Guyane. Celle-ci a annoncé ce jeudi avoir finalisé « avec succès » un programme de validation de données de forage obtenues dans les années 90 sur le gisement Nivré (à Dorlin) avec la société canadienne Reunion Gold Corp. 6 nouveaux forages ont été réalisés cet été et ont permis d’obtenir des résultats probants, atteignant 2,54 g d’or par tonne sur une profondeur de 85 m.
Une annonce qui a fait « bondir » le cours de l’action Auplata de +7% à la bourse de Paris (valeur à tempérer : l’action est passée de 0,07 à 0,08 € après avoir connu sa plus haute valorisation en 2007 à plus de 5€). « Une première étape dans le cadre de la réalisation d’une étude de faisabilité pour ce site minier » note le site Boursier.com qui précise que les deux entreprises avaient conclu un accord en février 2017. Réunion Gold doit acquérir 75% du titre de Dorlin au bout de 5 ans, sous condition de consacrer 3 millions de dollars de dépenses d’exploration.
Selon nos confrères de La 1ère qui ont pu rencontrer un proche du dossier à Paris, « Auplata a fait appel à Réunion Gold pour effectuer ses forages. C’est une phase préliminaire dans un contexte de renouvellement des titres miniers, qui imposait ces travaux. Ces forages seront suivis d’une autre estimation des ressources minières d’ici la fin de l’année. Ce projet est indépendant du projet minier de la Montagne d’Or, mais il va dans le sens de la création d’une vraie filière professionnelle en Guyane. »
La compagnie – qui vient également de lancer ses premiers tests sur son usine de cyanuration de Dieu Merci – n’est pas la seule à mettre en œuvre d’importants projets en Guyane. En effet, outre le projet (en ‘standby’ ?) de la Montagne d’Or, celui controversé de l’AEX Nelson au sujet duquel le préfet doit rendre ses conclusions avant le 5 octobre, de nombreuses demandes ont été déposées auprès des autorités, pour des projets de recherches minières à Mana, Maripasoula, St-Laurent, Roura, ou encore Régina.
Le collectif Or de Question a d’ailleurs vivement réagi à l’octroi de deux permis exclusifs de recherche déposés par la compagnie SUDMINE (environ 40 km² par permis) à Mana et Kourou, accusant Bercy de « distribuer » les permis et de « fouler du pied l’expression des guyanais sur les projets miniers industriels et méprisant la volonté d’une réflexion plus globale sur l’avenir minier. » Les opposants à l’exploitation de l’or regrettent que le gouvernement « joue avec le feu » et assurent vouloir « faire entendre leurs voix contre l’extractivisme industriel en Guyane. »
Qui a dit que La Montagne cachait l’El Dorado ?
Spatial : six missions en trois mois
Ce mardi 25 septembre entre 18h53 et 19h38, Ariane 5 (VA243) s’élancera de son pas de tir pour aller placer sur orbite géostationnaire les satellites de télécommunications Horizon 3e et Azerspace-2 pour les opérateurs Intelsat, SKY Perfect JSAT et Azercosmos. Il s’agira de 100e mission d’Ariane 5 et de la 300e pour la famille de lanceurs, dans un contexte spatial particulièrement compétitif.
Arianespace avait prévu de réaliser 14 lancements cette année, ce sera finalement 11, a annoncé le PDG Stéphane Israel en juin. Avec seulement 5 lancements réalisés à ce jour, l’activité au dernier trimestre 2018 sera bien plus soutenue au Centre Spatial Guyanais. Six missions restent à effectuer, à commencer par le tir VA243 d’Ariane 5 ce mardi qui fera suite au lancement réussi de Vega VV11 le 21 août dernier. Pour 2019, M Israel a ajouté qu’il était trop tôt pour fournir une prévision mais qu’il pourrait y avoir “11 ou 12” lancements.
Rude compétition, besoin de garanties
L’année 2019 sera une année charnière pour Arianespace, qui a engagé la transition entre Ariane 5 et Ariane 6 dont le premier tir est prévu dans 2 ans (les travaux du pas de tir sont en cours et semblent respecter le calendrier fixé). Selon les informations de La Tribune, le groupe fait face à la concurrence agressive de Space X et se retrouve obligé de « brader » son lanceur lourd (110 M€ au lieu de 130 M€ pour un lancement double) en attendant que la nouvelle mouture ne permette de radicalement faire baisser ses prix (environ 70 M€ par lancement d’Ariane 6 en version light).
Une situation délicate pour le groupe, qui bénéficie heureusement du soutien de l’Agence Spatiale Européenne, avec qui il a déjà contractualisé une dizaine de missions institutionnelles pour le futur lanceur. N’en demeure pas moins que Bruxelles et les Etats partenaires risquent bien de devoir donner de sérieuses garanties à Arianespace, alors que ses pertes cumulées pourraient atteindre 500 millions d’euros entre 2018 et 2023, date de fin de transition avec Ariane 6…
Airbus part à la pêche aux débris spatiaux !
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A Régina, des baygonneuses contre le palu
Le paludisme, bien qu’en constant recul sur le territoire guyanais depuis une dizaine d’années, continue néanmoins à toucher une partie de la population, en particulier dans les communes victimes de l’orpaillage clandestin. C’est le cas de Saül, de Régina, de Camopi et de St-Georges, mais aussi de Roura. Au total au premier semestre 2018, plus de 200 cas de paludisme ont été recensés, et 20 personnes ont dû être hospitalisées en conséquence.
Pour contrer le phénomène et la prolifération du vecteur (le moustique Anophèles Darlingi) sur Régina, la CTG – en charge de la démoustication – a donc décidé de faire reprendre ses rotations à la ‘baygonneuse’, « afin de casser la transmission de la maladie. » Dès cette semaine, entre 18h et 20h dans les différents quartiers de Régina, les pulvérisations seront effectuées par le service démoustication et actions sanitaires de la collectivité.
Nouvelle campagne de recherches
En parallèle, l’Institut Pasteur de la Guyane et le Centre hospitalier de Cayenne mettent en place un projet scientifique « ELIMALAR » financé par l’Europe, l’ARS, l’OMS et le Rotary Club, qui doit permettre de « mieux connaître le paludisme en Guyane. » Divisé en deux volets (PALUSTOP et REAGIR), il donnera l’occasion de tester « une nouvelle stratégie de dépistage et de traitement » auprès de 1.500 personnes de l’Est guyanais, et d’évaluer les résistances des moustiques aux antipaludéens, alors que celles-ci se développent en Asie. Qu’en est-il des moustiques guyanais s’interrogent donc les autorités sanitaires.
Ce projet, qui regroupe chercheurs, médecins, infirmiers et médiateurs communautaires, a aussi pour objectif de « former de jeunes chercheurs guyanais » et d’évaluer la possibilité d’une élimination (définitive ?) de la maladie dans certaines zones du territoire. « Rarement un projet portant sur le paludisme d’une si grande envergure n’a été mené et financé dans notre région » se sont réjoui les organisateurs.