C’était il y a moins de 50 ans, c’était dans un autre monde…
Pentagon papers : Thriller de Steven Spielberg (1h57) avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson…
L’histoire : Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles…
Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…
Notre avis : KKKKK
Quand la réalité vous offre un tel scénario, confiez-le à Spielberg… Porté magistralement par deux acteurs qu’il n’est évidemment pas besoin de présenter, le film se déroule sur un faux rythme qui entraîne le spectateur dans des sentiments qui jouent les montagnes russes.
Meryl Streep est tout simplement au sommet de son art dans ce thriller qui parle autant de journalisme que de féminisme.
Même si on connait l’histoire, qui mènera quelque temps plus tard au Watergate et à la démission du président Nixon, le film va bien au-delà en dépeignant cette Amérique de la fin des années d’après-guerre où la place de la femme n’est que dans une cuisine ou avec les enfants ;
Ce symbole est notamment incarné par cette scène où un homme (Mc Namara) commence à parler politique et aussitôt sa femme entraîne les autres compagnes pour rejoindre un petit salon et parler mode. Katharine (Meryl Streep), pourtant directrice du Washington Post, les suit puisqu’elle n’est que tolérée dans un monde d’hommes. Celui-ci est symbolisé par toutes ces réunions exclusivement masculines qui empestent la fumée du tabac des cigares et cigarettes omniprésentes.
Il est assez extraordinaire que de voir Meryl Streep entrer à Wall Street en fendant une masse de femmes devant une porte. Celles-ci sont toutes les secrétaires des hommes derrière la porte qui vont l’accueillir en leur sein. Et pour bien marquer cette évolution, un peu plus tard dans le film, la sortie de cette même Meryl Streep de la Cour Suprême se fait là au milieu de femmes qui semblent vivre avec elle cette victoire qui n’est pas simplement celle du journalisme indépendant mais aussi de l’évolution de toute une société.
Le parallèle est également remarquable de ce monde d’hommes aux costumes unis femmes aux robes bien sages qui croisent, mais ne côtoient pas, des manifestants pacifistes aux cheveux longs avec des hommes et des femmes de toutes couleurs qui crient leur haine du système.
Un monde qui va bientôt sortir du papier, de la machine à écrire et des typographes à celui des ordinateurs et du virtuel, une sorte de Jurassik Parc du journalisme en quelque sorte…