Il n’aura pas fallu attendre la rentrée pour que l’inépuisable « sujet » de l’or en Guyane repointe le bout de son nez. En effet, pendant les deux mois de vacances scolaires, les militaires d’Harpie, les agents du PAG et les collectifs tels que « Or de Question » ont continué à lutter – chacun à sa manière – contre l’extraction minière (illégale pour les uns, et industrielle pour les autres).
Le PAG dépassé par les chantiers clandestins
Tout d’abord, le Parc Amazonien (PAG) a fait état au mois d’août « d’une dégradation sans précédent de l’orpaillage illégal » sur son territoire (177 sites actifs observés, en hausse de 78% par rapport à mars 2017), en particulier sur Maripa-Soula et Camopi. 74 sites actifs seraient installés dans la zone cœur du parc.
« L’activité se concentre sur les secteurs orpaillés depuis des années, il ne s’agit pas d’une surprise mais cela démontre notre incapacité collective à tenir le terrain et à harceler l’adversaire pour l’empêcher de s’installer » note le PAG dans son dernier bulletin d’information. « Une flambée de l’activité (…) particulièrement dramatique » qui place la biodiversité et les bassins de vie des populations « en état d’urgence écologique et sécuritaire. »
A la fin du mois, l’état-major Harpie a cependant annoncé avoir mené pendant plusieurs jours une action de destruction sur la crique Eau Claire (Maripa-Soula), permettant de détruire 24 puits d’orpaillage clandestin et 500 kg de matériel et bâches. Au total, selon la préfecture, 47 puits ont été détruits cette année au cours de trois opérations de cette envergure. En 2016, 113 puits avaient connu le même sort.
Le préfet Patrice Faure, fraîchement arrivé en Guyane cette semaine, annonçait dès sa première prise de parole que les réunions sur la lutte contre l’orpaillage illégal (LCOI) seraient « plus régulières » avec « d’avantage de partage de l’information, pour pouvoir réagir plus vite. »
Près de 200.000 personnes s’opposent à la Montagne d’Or
Une enquête publique sur une première concession minière (alluvionnaire) s’est clôturée en début de semaine. Mobilisées par le collectif Or de Question et ses partenaires nationaux, quelques 7.600 personnes (dont un peu plus de 1.100 en Guyane) ont déposé un avis défavorable pour une immense majorité d’entre eux (86%), principalement pour des raisons environnementales.
La plupart réclament un débat public local – ce que souhaite engager la société minière d’ici la fin de l’année – tandis que d’autres (dont Or de Question
ou le Conseil des Chefs coutumiers) réclament purement et simplement l’abandon de ce projet qu’ils jugent contraires aux orientations écologiques de la France (COP21 oblige).
Alors qu’à Paris, aucune position n’a été prise par le gouvernement (malgré le soutien au projet d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie), dans la classe politique guyanaise, la prudence reste de mise. Seuls Léon Bertrand, Rodolphe Alexandre et d’autres personnalités telles que Gauthier Horth se sont déclarés en faveur du projet minier.
Pour l’heure, c’est la pétition « Non à la mine d’or industrielle en Guyane ! » publiée sur www.sauvonslaforet.org qui récolte le plus « d’avis favorables » : 186.000 signatures ont été recueillies depuis mars, en Guyane, dans toute la France et même à l’international.
Au Brésil, l’ouverture des forêts aux miniers privés retoquée par la justice
Pendant ce temps, entre le Para et l’Amapa, la réserve de Renca a vu son statut – momentanément – abrogé par le gouvernement Temer. Celui-ci souhaitait ouvrir quelques 4 millions d’hectares aux industriels miniers privés, mais le tribunal fédéral de Brasilia en a décidé autrement suite au tollé provoqué par ce décret dans l’opinion publique brésilienne et mondiale.