Le Kotidien, partenaire du WWF France, fait partie du club PME de la délégation WWF de Guyane.
La visite de Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, en Guyane du 16 au 18 mars, pour la Convention de Carthagène notamment, est l’occasion de rappeler les enjeux clés inhérents à ce territoire.
- Un projet de mine d’or industrielle jugé inopportun par le WWF
Les enjeux autour du projet « Montagne d’or », qui pourrait être développé à la lisière de la plus grande réserve biologique intégrale de France, sont majeurs : construction d’une route de plus de 100 km ainsi que de nouvelles infrastructures dédiées, transport et stockage de quantités importantes d’explosifs et de cyanure, besoin en énergie équivalent à 20% de la consommation actuelle guyanaise.
Ce projet n’est pas sans rappeler les récentes démarches de prospections pétrolières au large des côtes guyanaises, projets qui avaient englouti plusieurs centaines de millions d’euros, causé des impacts environnementaux mal mesurés, amené à une vive confrontation avec les acteurs économiques locaux de la pêche, sans induire de retombée socio-économique significative au bénéfice de la Guyane.
Le WWF France considère ainsi que le développement de ce projet industriel est inopportun et que la priorité doit rester l’élaboration d’un modèle de développement axé sur les nombreuses ressources naturelles renouvelables au bénéfice du territoire amazonien et de ses habitants.
- L’orpaillage illégal
La Guyane connaît depuis plus de 20 ans une contamination de nombreux bassins hydrologiques par le mercure utilisé pour séparer l’or du minerai.
Pour mettre un terme à ce fléau social, sanitaire et environnemental, le WWF entend poser les premières pierres d’une application concrète de la Convention de Minamata dans la région en déployant un programme de coopération transnational visant l’élimination progressive de l’utilisation du mercure dans les Guyanes. Le WWF souhaite également voir se renforcer la coopération régionale via la mise en place d’un « observatoire du mercure » associant les Etats de la région.
[Pour en savoir plus : l’article Le mercure et l’exploitation aurifère dans les Guyanes : la coopération ou l’échec réalisé par l’Agence française de Développement et le WWF]
- Le Parc Amazonien de Guyane fête ses 10 ans
Le plus grand parc national français et européen fête ce mois-ci ses 10 ans dans un contexte morose. La pression de l’orpaillage illégal y est particulièrement forte : fin 2016, on recensait le plus grand nombre historique de sites d’orpaillage illégaux actifs (139) depuis la création du parc. En décembre 2016, le WWF a mené une mission d’enquête sur les rives du fleuve Maroni qui borde le parc : 52% des personnes interrogées constataient alors une aggravation de l’orpaillage illégal.
Les efforts de lutte demeurent indispensables, et notamment le développement de la coopération avec le Suriname, avec lequel un accord spécifique de coopération pourrait être envisagé, à l’instar de celui mis en place entre la France et le Brésil sur ce même thème.
[Pour en savoir plus : illustration des réalités de l’orpaillage illégal]
- La mise en place d’un système d’exclusion des tortues marines
Les pêcheries non sélectives de crevettes tropicales au chalut entrainent plusieurs milliers de captures accidentelles de tortues marines. La visite de Ségolène Royal est l’opportunité de saluer la coopération efficace entre le Comité Régional de la Pêche et des Elevages Marins et le WWF qui a permis la mise en place d’un système d’exclusion des tortues marines original : le Trash & Turtle Excluder Device. Depuis son adoption en 2010, plus de 3000 captures accidentelles de tortues marines ont pu être évitées en Guyane, tout en maintenant une pratique efficace de la pêche crevettière.
Les acteurs locaux de la pêche et le WWF appellent aujourd’hui l’Union européenne à adopter ce même type de système pour toute pêcherie souhaitant vendre ses crevettes sauvages au sein du marché européen.
[Pour en savoir plus : le rapport du Comité Régional des Pêches Maritimes et Élevages Marins de Guyane]
- Les déversements d’hydrocarbures
Dans le cadre du protocole relatif à la coopération en matière de lutte contre les déversements d’hydrocarbures, le Guyane voit se profiler de nouvelles vagues de prospections pétrolières dans l’Etat brésilien voisin, en Amapá. Plusieurs permis miniers sont situés à proximité immédiate des eaux françaises. En cas d’accident majeur, la pollution en provenance de ces sites arriverait alors directement au large de la Guyane, du fait des courants très marqués dans la zone.
Le WWF demande la mise en place de mesures transfrontalières de lutte contre d’éventuels déversements d’hydrocarbures.
[Pour en savoir plus : la carte des permis miniers est disponible en pièce jointe : SIGHT_BRAmapa_oil_contract_13032017.pdf]
WWF France, délégation de Guyane