En ce lundi 30 mai, c’est sous un ciel pluvieux que François Baroin, Président de l’AMF*, recevait les différentes délégations d’Outremer en préambule du 99ème congrès des Maires de France qui se déroule, du 31 mai au 2 juin, au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris.
Environ 200 personnes étaient présentes pour le discours de l’ancien ministre de l’Outremer (2005-2007) revenant sur « les problématiques d’Outremer, les mêmes qu’en métropole mais multipliées par 4 ou 5 et la nécessité d’avoir une politique d’accompagnement de l’Etat à la hauteur. »
Ce dernier a également souhaité que l’Outremer montre un « visage digne et responsable avec la volonté d’être ferme vis-à-vis de l’Etat. »
Quand David Riché remet tout le monde en place…
S’en sont suivis des interventions ramenées à leur plus simple expression pour privilégier, selon les termes de l’animateur, « un temps d’échanges et de débats plus importants » et, peut-être, éviter des questions qui fâchent…
C’est sans doute ce que s’est dit le maire de Roura qui s’est placé d’autorité derrière le pupitre, bien décidé à faire passer son message tel que prévu.
Son discours combatif a réveillé une salle qui se laissait prendre par la chaleur ambiante et a suscité de nombreux applaudissements notamment lorsqu’il a fait le constat que « ce congrès donne l’impression de régresser chaque année avec les mêmes discours qui promettent les mêmes choses depuis 15 ans. »
David Riché a insisté sur l’impérative nécessité de « faire cause commune pour que l’Etat cesse de rogner et de diminuer nos dotations (…) Tous les feux sont au rouge et pourtant tout va bien ? (…) Santé, insécurité, emploi…Comment un pays aussi riche que le notre peut-il être aussi pauvre ? »
Ajoutez à cela un rappel sur le pacte d’avenir promis par François Hollande en 2013 pour être mis en place en 2014 et que nous attendons toujours et vous aurez un résumé complet d’une pensée que l’on peut ensuite transposer dans toutes les autres régions ultramarines. Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Réunion, Nouvelle Calédonie ou encore Polynésie française, toutes ces régions ont soulevé des réalités qui leur sont propres, comme en Guyane, et qui nécessiterait de l’Etat autre chose que quelques visites ministérielles, du saupoudrage social et des promesses jamais abouties.
Un sentiment d’abandon quand les Outremers portent hautes les valeurs de la République…
Bien évidemment le terme peut paraître exagéré mais nos régions ont souvent beaucoup de mal à exprimer ce qui est plus qu’un simple énervement de celui qui voudrait plus d’argent. Non, ce qu’ont du mal à comprendre nos gouvernants, installés si loin de nous, c’est que nous ne réclamons plus des transferts sociaux comme souvent se résume la pensée parisienne. Non, aujourd’hui nous réclamons des mesures de rattrapage pour ne plus être à la traîne de la République.
Quand 50% de la population de Mayotte est étrangère ou quand on construit 3 écoles (Guyane) quand en France on en ferme une, comment voulez-vous que nous puissions raisonner comme vous ?
Ce n’est sans doute pas un congrès qui changera la donne mais c’est une occasion à saisir pour faire entendre des voix qui comptent. Ces voix sont lointaines mais elles représentent l’essentiel de la façade maritime française, son positionnement sur la plupart des continents, une biodiversité unique, des ressources naturelles sans égal et pourtant avec une image encore trop souvent « doudouiste » qui n’a toujours pas intégré que l’avenir de la France c’est chez nous qu’il fallait le puiser.
A suivre toute cette semaine…
Thierry MAQUAIRE
*AMF : Association des Maires de France et des Présidents d’intercommunalité