Les agents de la Collectivité Territoriale de Guyane ont débrayé pendant deux heures hier matin pour réclamer l’harmonisation des statuts des agents de l’ancienne Région et de l’ancien Conseil Général, ainsi qu’un nouvel organigramme fonctionnel, dans des délais plus courts que ceux annoncés par la présidence de la CTG.
Le calendrier établi laisse la possibilité à la présidence d’élaborer le nouvel organigramme d’ici au 31 décembre 2017. C’est-à-dire jusqu’à deux ans après la création officielle de la CTG. Réunis en intersyndicales, l’UTG, le Spat, l’uNSa, FO, la CDTG-CFDT et Sud, “déplorent cette absence de cap au détriment de la carrière des agents” et exigent “la visibilité de l’organisation fonctionnelle et hiérarchique de la CTG”.
“Nous demandons l’égalité de traitement”
Mme Simonard, déléguée syndicale UTG-CTG estime que depuis la mise en place de la CTG, les personnels sont “traités comme des agents ex-CG d’une part, et ex-Région d’autre part”. Qu’il s’agisse des horaires de travail, des uniformes, des tickets restaurants, ou des régimes indemnitaires, les agents s’impatientent et souhaitent que la CTG mette en place un calendrier de travail permettant de répondre à leurs attentes d’ici la fin du mois de juin.
“Le temps de travail est différent. Il n’y a pas d’horaire pour les agents de la CTG” explique-t-elle. “Nous venons au travail, ce que nous avons à faire, nous le faisons, mais ce ne sont pas des directives de la CTG, en l’absence de politique d’orientation du président.” “Il n’y a aucun budget pour l’insertion des bénéficiaires du RSA par exemple.” “Nous voulons que le traitement équitable des agents soit inscrit au budget (revalorisation, tickets restaurants, uniformes). Que tout soit budgétisé ! Pour que l’on sache où l’on va.”
Sans vote du budget de la CTG, “il n’y a pas d’actions pour 2016” s’inquiète la syndicaliste. Celui-ci est régulièrement reporté depuis deux mois, et si la date butoir est fixée au 31 mai, le président se dit néanmoins confiant pour sa validation. Mais pour les agents, cet état de fait est préoccupant. “Nous sommes sur des actions de 2015 qui se poursuivent, mais un moment, ça va s’arrêter, car nous n’avons pas de vision politique de ce que veut le président pour la CTG.”
Outre ces questions d’harmonisation et d’organigramme, l’intersyndicale réclame l’installation de la Commission Administrative Paritaire afin de traiter des perspectives de carrière, l’extension de l’accès intranet à tous les agents (notamment dans les collèges, lycées, CAIT, DDAS…), une meilleure prise en compte des instances de consultation du personnel, et le paiement de la prime d’ancienneté pour les Assistantes Maternelles.
Rodolphe Alexandre : “On ne peut pas aller plus vite que la musique !”
“Pour l’instant la machine fonctionne. Nous assurons le paiement des salariés, la fourniture des prestations auprès des services voire des prestataires” se défend le président, qui rappelle que la CTG livre des travaux (parc Lindor, éclairage de St-Georges, St-Laurent…). “Il ne faudrait pas que les médias pensent que la machine est sclérosée !”
Il s’est montré très confiant face à la grogne de son personnel, estimant que “le débat a déjà lieu et qu’il avance”. “On ne peut pas réaliser un organigramme du jour au lendemain avec 3.680 personnes” a-t-il estimé. “La fusion de la collectivité est un élément considérable, historique, exceptionnel, il faut prendre son temps. Il doit y avoir un rythme, il doit y avoir une cadence. On ne peut pas aller plus vite que la musique !”
“C’est d’abord mettre en place toute une architecture pour permettre le fonctionnement de l’outil (…) qui sera pertinent pour le développement économique de la Guyane.” “Pourquoi voulez-vous que je me précipite pour que l’on me dise demain que ça ne correspond pas ?” justifie-t-il. Le président explique qu’il a dû, lors de ses premiers mois de mandat, rencontrer la cinquantaine de services de la CTG, se rendre sur toutes les antennes, et apprendre les nouvelles compétences en matière de “santé, de PMI, de crèches, etc.”
Ce matin, Rodolphe Alexandre doit de nouveau rencontrer les 149 chefs de services répartis sur tout le territoire pour “discuter avec eux et avoir leurs points de vue, afin que cet organigramme soit voulu, concerté et partagé par tous”. Il a assuré qu’il présenterait une première proposition d’organigramme au 30 juin (pour les emplois “fonctionnels”). Par ailleurs, il a annoncé que la “stratégie financière” – établie par les élus – sera débattue le 17 mai, pour parvenir à un vote du budget “aux alentours du 28 de ce mois” a précisé le président.
“Vous avez au moins un poste et un salaire garanti”
Dans une lettre adressée au personnel, M Alexandre juge n’avoir d’autre alternative “que de travailler main dans la main” avec les personnels pour “faire en sorte que notre collectivité soit opérationnelle le plus rapidement possible”. Mais pour l’heure, la priorité est à la recherche “d’un juste équilibre sur le plan financier” entre la gestion de la masse salariale et “la préservation d’une capacité d’investissement suffisante pour (…) maintenir un niveau minimal de commande publique sans lequel notre économie risquerait ni plus ni moins de s’effondrer”.
Souhaitant “attirer l’attention [des agents] sur ce qui se joue à l’extérieur de la CTG”, bien que “tout ne soit pas parfait à la CTG, loin s’en faut”, il n’a pas hésité à rappeler à ses personnels qu’ils ont “au moins un poste et un salaire garanti chaque mois. Nombre de nos concitoyens aimeraient pouvoir en dire autant”. “Tous les voyants sont au rouge et nous sommes au bord de la crise sociale” s’alarme-t-il.
Mais la situation de l’économie et la recherche de nouveaux financements pour la CTG n’étaient en tout cas pas la priorité de la vingtaine de représentants du personnel qui débrayaient hier. Eux demandaient surtout “à avoir de la vision, des chiffres, sur les politiques que souhaite mener le président”, pour que les agents puissent assurer leurs missions de service public.
Les syndicats ont donné jusqu’à mercredi 11 mai pour apporter des réponses à leurs revendications. Si elles ne leurs semblent pas favorables, ils comptent déposer un préavis de grève.
Tickets restaurants, uniformes, cartes de visites… Les agents exigent “l’égalité de traitement” entre les anciens personnels de la Région et du Conseil Général. De nombreux agents de l’ancien CG sont encore assujettis aux conditions de travails du département, leur donnant le sentiment d’être “laissés pour compte”. Au niveau des tickets restaurants, le CG distribuait 8 tickets par agent, tandis que la Région en distribuait 20 chaque mois. Le président a promis “de monter à 12 tickets et d’évoluer par paliers” “Il y avait deux cultures différentes” explique Rodolphe Alexandre, qui n’oublie pas de préciser que “la Région avait déjà anticipé sur cette commande”. “Le service qui s’occupe de tous les achats est à l’œuvre” en ce qui concerne les éléments logotypés CTG a-t-il promis. “Ce sont des malentendus pour lesquels nous ferons en sorte de répondre très rapidement.” |