Alors que la Cellule interrégionale d’épidémiologie recensait au 17 avril quelques 26.700 cas cliniquement évocateurs ou confirmés de Zika dans les départements français d’Amérique (dont 5.000 en Guyane), l’Institut Pasteur réunissait hier et aujourd’hui plus de 600 experts et chercheurs venus de 43 pays pour un sommet international sur le virus.
Lors de la première journée, la représentante de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) Marie-Paule Kieny, a annoncé que l’épidémie était “clairement sur la voie descendante au Brésil” mais aussi en Colombie et au Cap Vert. Impossible à ce stade de dire s’il pourrait y avoir une résurgence de l’épidémie à l’avenir. Environ 1,5 millions de brésiliens auraient contracté le virus depuis septembre 2015.
En revanche, la situation est plus inquiétante pour le reste du monde, et en particulier l’Europe et l’Asie, où les températures deviennent de plus en plus propices à la circulation des moustiques Aedes (vecteurs du virus), et où des premiers cas autochtones ont été rapportés par les autorités sanitaires ces derniers mois.
“La possibilité d’une transmission locale combinée à de probables transmissions par voie sexuelle pourrait se traduire par une augmentation significative du nombre de personnes infectées” a estimé la responsable de l’OMS. Mais pour l’heure, les scientifiques se veulent rassurants et ont écarté le risque d’une pandémie en Europe. L’Afrique, en revanche, inquiète davantage…
Lutter contre le vecteur plutôt que contre le virus
Pour les scientifiques, toute une palette de moyens est nécessaire pour lutter contre le vecteur : des insecticides, mais en quantité limitée en raison de leur impact environnemental et parce qu’ils entraînent des phénomènes de résistance des moustiques. Mais aussi la “lutte mécanique” (asséchement des habitats, moustiquaires imprégnées ou non d’insecticides, destruction des larves en milieu aquatique, etc…) Des techniques déjà employées dans les régions les plus touchées.
En attendant un vaccin dans les un ou deux ans à venir, d’autres piste sont explorées : les scientifiques travaillent aujourd’hui à la mise au point de moustiques génétiquement modifiés. Une stratégie consiste à lâcher des mâles stériles. Une autre est d’immuniser les femelles (seules à piquer) contre le virus. Pour l’heure, ces techniques sont en cours de test un peu partout dans le monde.
Le Zika, s’il est indétectable dans plus de 3 cas sur 4, peut cependant provoquer des éruptions cutanées avec ou sans fièvre, de la fatigue, des douleurs musculaires et articulaires, des conjonctivites et maux de tête. Le traitement est symptomatique et la guérison intervient au bout de quelques jours dans la grande majorité des cas. Cependant, des complications neurologiques peuvent apparaître notamment le syndrome de Guillain-Barré, ou des cas de microcéphalies chez les fœtus et nouveaux nés de mère enceinte pendant la période épidémique.