Il y avait du beau monde, hier, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux du recteur. Préfet, président de CTG, parlementaires et élus, président de l’université, directeur du CSG, représentants de divers services de l’Etat, et de nombreux employés de l’académie de Guyane, tous avaient fait le déplacement au carbet de l’éducation, chemin Grant à Cayenne, pour écouter le recteur Philippe Lacombe en ce début d’année 2016.
Celui-ci a tout d’abord dressé un rapide bilan de 2015, avec la mise en place du Réseau d’Education Prioritaire, censé répondre aux besoins de la Guyane en matière d’éducation. Il a également félicité les 3.000 jeunes guyanais ayant obtenu le baccalauréat en 2015, “nous progressons !” s’est enthousiasmé le recteur, “mais il faut faire mieux !”. En effet, seuls 52% des jeunes de cette classe d’âge sont arrivés jusqu’au bac : “ça n’est pas encore assez.”
Le renforcement des Intervenants en Langue Maternelle (ILM : voir notre article de ce jour), la meilleure prise en compte des élèves en situation de handicap, la demande croissante de la part des jeunes bacheliers ou les étudiants vers les métiers de l’enseignement (en apprentissage : 200 contrats ont été signés en 2015, 200 autres devraient l’être en 2016)…
Le projet “Ma Guyane Nage” a également été évoqué comme une réussite, “symbole que le travail partenarial fonctionne”. Enfin, Philippe Lacombe s’est félicité de la meilleure prise en charge des élèves, notamment en ce qui concerne la restauration scolaire : “les choses bougent sur les communes de l’intérieur. De plus en plus d’enfants arrivent le ventre plein à l’école”.
Autant de points qui ont fait dire à M Lacombe que “certains de nos rêves collectifs sont devenus des objectifs concrets, voire des réalités” pour l’académie de Guyane. Mais le travail reste immense, notamment en matière de constructions scolaires… “L’académie est soumise à ce tapis roulant accéléré” qu’est la croissance démographique de la Guyane. Raison pour laquelle, face au préfet et au président de CTG, le recteur a appelé à ce que s’accélèrent les constructions d’établissements scolaires : “il nous faut plus de classes, plus d’écoles, plus de collèges, plus de lycées”…
Une vision partagée par les différents acteurs (Etat, Région, Département) ces dernières années, mais sans pour autant que tous les projets de construction se concrétisent… Pour Philippe Lacombe cependant, “il faut accueillir les enfants”. “L’éducation c’est un devoir, une obligation… nous sommes en retard” a-t-il regretté. Pour “faire baisser le nombre d’enfants dans les classes” comme il l’a souhaité, il va donc falloir faire sortir de terre ces établissements scolaires tant attendus, notamment sur l’Ouest.
Vient ensuite la difficulté pour trouver le personnel compétent. En 2015, 204 nouveaux postes avaient pu être pourvus en raison du passage de l’académie en REP. Pour 2016, la ministre de l’éducation a déjà assuré pendant les fêtes que 180 postes d’enseignants supplémentaires seraient créés en Guyane, auxquels s’ajouteront 90 postes administratifs.
Le recteur s’est pour sa part positionné en faveur “de la formation des guyanais”. Le renforcement de l’apprentissage dans les métiers de l’enseignement et la reconnaissance du statut des ILM participent à cette dynamique. Reste à patienter quelques années encore avant que ne sortent les premiers professeurs “locaux” de l’Université de Guyane. Notons qu’à partir de 2016, l’ESPE (l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation) et donc l’Université, vont progressivement s’implanter sur l’Ouest, où les besoins sont les plus importants.
La cérémonie de vœux s’est achevée cette année par la remise de l’Ordre national du Mérite à Yolaine Charlotte-Bolore, chef de cabinet du recteur. La médaille lui a été remise par Rodolphe Alexandre, le président de la CTG, qui s’est fendu d’un long discours pour valoriser le parcours de cette femme, très mobilisée pendant plus de 41 années de services dans l’éducation.