Ami lecteur, tu as certainement entendu parler de la récente manifestation des policiers. Après que l’un des leurs ait été grièvement blessé par un malfaiteur en cavale, tous les syndicats policiers, au national comme au régional, tous corps confondus – gardiens de la paix et gradés, officiers, commissaires – ont appelé mercredi 14 octobre 2015 à un ” rassemblement ” devant le ministère de la Justice, place Vendôme à Paris.
En Guyane également, les policiers ont manifesté devant le tribunal. La police interpelle, la justice sanctionne. Vous voyez l’idée…
J’ai, dans ces colonnes et sur d’autres supports médias, dit et redit que pour lutter efficacement contre la délinquance, point de salut si récidive(s).
Ici ou ailleurs, même constat : l’exaspération des victimes et des forces de l’ordre en général (gendarmerie comprise) quand un même individu se voit interpeller des dizaines de fois pour des faits déviants avérés (agressions, vols, cambriolages…) et qu’il continue à déambuler dans les rues parfois quelques heures à peine après sa dernière arrestation.
Récemment encore, à Cayenne, un individu arrêté en flagrant délit de cambriolage dans la nuit de dimanche à lundi… puis de nouveau interpellé dans la soirée du lundi pour le même motif.
La demande d’une sécurité forte, ciment indispensable de notre lien social, ne doit pas être l’apanage de l’extrême droite.
Je vais être clair : Oui, tout individu est par essence éducable et oui tout individu est ré-insérable dans la société et oui, si oui il y a à ajouter, gardons-nous de préjuger de l’avenir de tout individu.
Pourtant je milite pour que s’opère l’inversion « éducation-répression » actuelle en « sanction-accompagnement ». Je m’appuie sur une théorie qui s’appelle la « zéro tolérance » (à ne pas confondre avec le ridicule concept de « tolérance zéro »). Si je dois résumer cette théorie de façon brutale, je dirais qu’il faut frapper très fort très tôt. C’est condamner (y compris les parents) suffisamment fort pour éviter, autant que faire se peut, toute velléité de recommencer. Il ne s’agit pas de risiblement « terroriser les terroristes », il s’agit pour nos forces de l’ordre, dans le respect de la justice et dans l’intérêt de notre société, que chaque individu pris à commettre son premier délit soit suffisamment sanctionné pour lui faire passer l’idée de recommencer.
Sans verser dans l’extrême, prison ou maison de correction (autrement appelée centre éducatif fermé), de vraies mesures de responsabilisation, une véritable réparation du préjudice de la victime, notamment financières avec contribution des parents, permettraient de redonner du respect aux forces de l’ordre, cette crainte légitime du flic connue des générations précédentes. Surtout, une justice efficace parce qu’effective éviterait aux victimes l’envie de plus en plus grande de faire « justice soi-même ».
Outre le problème avec la justice, la mobilisation des policiers visait à alerter la population sur leurs conditions de travail, de plus en plus déplorables : vétusté des locaux, manque de moyens humains, obsolescence informatique ou des véhicules d’intervention…
En Guyane, ce problème se vit avec beaucoup d’acuité. Connaissez-vous l’arlésienne du commissariat de Cayenne ?
https://www.change.org/p/monsieur-le-premier-ministre-nouveau-commissariat-à-cayenne
« Monsieur le Premier ministre, En mars 2013, alors ministre de l’intérieur, vous êtes, en Guyane, « venu affirmer que la sécurité, la protection de nos concitoyens sous toutes les formes était une priorité de l’État », ajoutant « le 3e département le plus violent de France attend des réponses concrètes … J’espère que nous pourrons avancer vite dans les mois qui viennent, l’État mettra les moyens nécessaires … Pour le commissariat, la question sera évoquée ». Pourquoi en Guyane, les « mois » hexagonaux se transforment-ils en « années » ou en « décennies » ? Pour preuve, Monsieur Sarkosy, alors ministre de l’intérieur, avait annoncé la construction d’un nouveau commissariat. C’était en 2006. Monsieur Sarkozy, lors de son mandat présidentiel, avait récidivé sa promesse et avait même précisé « les crédits ne sont pas encore débloqués … mais prévus au ministère de l’Intérieur et sa construction va commercer dès 2013 ». Au final, Monsieur le premier ministre, que vaut la parole publique lorsque les annonces publiques ne sont pas suivies d’effet, que vaut la parole politique lorsque les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Il y a derrière la construction du nouveau commissariat de Cayenne une double nécessité : celle du respect des fonctionnaires œuvrant au maintien du lien social de notre société et celle de la qualité d’accueil d’un service public et donc du respect des usagers, qu’ils soient victimes ou coupables. Aujourd’hui, le commissariat de Cayenne est insalubre : vétusté, électricité pas aux normes, invasion de rats et de cafards, vestiaires délabrés… La population guyanaise, en particulier cayennaise, solidaire de ses policiers, attend depuis plus de dix ans la concrétisation des promesses ministérielles et présidentielle. Si la construction d’un hôtel de police a un coût certain dans une période difficile sur le plan budgétaire, la sécurité et la dignité, elles, n’ont pas de prix. Très cordialement. Association Interconnexions. » |
La pétition est une forme d’action politique.
Farouk AMRI